dimanche 2 septembre 2012

Accouchement respecté : extrait d'une lettre ouverte du Conseil National de l'ordre des sages femmes à la présidence

Paris, le 20 mars 2012
Mesdames, Messieurs les candidats à la Présidence de la République,

Le droit à la santé est un droit individuel inaliénable permettant à toute personne de vivre dans la dignité. Toute femme doit donc pouvoir « jouir du meilleur état de santé possible »1. Or, ces dernières décennies ont été marquées par un recul des indicateurs de santé des femmes et de la périnatalité.
Inégal accès au soin, méconnaissance des différentes méthodes de contraception, augmentation du nombre d’IVG chez les mineures, défaut d’alternatives à l’accouchement surmédicalisé, stagnation de la mortalité infantile, absence de généralisation du suivi gynécologique,... sont autant de motifs nous forçant à poser le constat d’un échec patent des différentes politiques de santé envers les femmes de notre pays, et justifiant aujourd’hui l’urgence de notre appel.
...
Nous demandons  à:

Faire évoluer notre système de périnatalité
Rien n’est plus intime que l’expérience de concevoir et de porter un enfant. Pourtant, au-delà des restructurations importantes enclenchées il y a trente ans, et conduisant notamment à la disparition de près des deux tiers des maternités et à la division par deux du nombre de lits, la technicisation croissante et l’accouchement uniformisé ont pris le pas sur l’accompagnement humain.
Cette technicisation a pourtant montré ses limites. Alors que les indicateurs périnataux français sont préoccupants, la dernière enquête3 sur le sujet menée en 2010 pointait du doigt une surconsommation médicale établie « sans bénéfice évident pour la santé des mères et de leurs enfants ». En effet, la systématisation des protocoles et l’hyper- médicalisation de la naissance
auxquelles nous assistons aujourd’hui comportent de forts effets iatrogènes sur la santé et peuvent, par-là même, créer des pathologies.
 
Source Site de l’OMS Loi HPST du 21 juillet 2009,
Résultats de l’enquête nationale périnatale 2010 menée par le Ministère du Travail, de l’Emploi et de la Santé

- Remettre à l’honneur la physiologie
 permettrait de préserver la normalité du processus de la grossesse et de l’accouchement en proposant une prise en charge plus respectueuse et adaptée.
Ainsi, à l’instar de ce que préconise la Cour des comptes dans son rapport sur la sécurité sociale pour 2011, il nous semble nécessaire de mieux articuler les différentes missions des professionnels de la naissance afin de mettre en place un vrai premier recours axé sur le dépistage et la prévention.
- Créer des alternatives
Accoucher autrement n’est plus une demande marginale. En 2010, 49,1% des jeunes mères considéraient que la prise en charge de leur accouchement à l'hôpital était standardisée et inadaptée à leurs besoins et à leurs envies4. Plus significatif encore : une femme sur quatre déclare qu’elle aurait souhaité vivre autrement son accouchement – soit près de 200 000 femmes par an.
Il est pourtant avéré que l’insatisfaction des jeunes mères sur le déroulement de leur accouchement peut favoriser la survenance de la dépression du post-partum. Ce manque d’alternatives pousse aujourd’hui certaines femmes à rejeter toute médicalisation, même lorsqu’elle s’avère utile, et à choisir d’accoucher à domicile seules* malgré les risques indéniables que cela comporte.
C’est pourquoi et afin de respecter le libre choix des femmes, nous soutenons la mise en place des maisons de naissance et espérons de votre part un engagement fort en faveur de cette mesure.
Les maisons de naissance sont des structures où les sages-femmes réalisent l’accompagnement global de leurs patientes : suivi de grossesse, accouchement, suites de couches. Préalablement sélectionnées, les femmes pouvant être admises ne doivent présenter ni pathologie ni risque avéré.
Dotées d’un équipement médical et intégrées dans un réseau de périnatalité, voire attenantes à une maternité, les maisons de naissance assurent une collaboration sécuritaire, notamment en cas de transfert. Mais la sécurité des mères et des nouveau-nés est surtout garantie par les compétences médicales des sages-femmes en charge de ces structures.
Injustement décriées en France, elles se multiplient pourtant en Europe et dans le monde et ne cessent de démontrer leurs nombreux bénéfices tant en termes de satisfaction des femmes, d’économies ou encore de sécurité. Alors qu’attendons-nous ?
....
Il est urgent qu’une mobilisation importante de tous les acteurs de santé soit engagée. C’est pourquoi, l’Ordre des sages-femmes souhaite aujourd’hui connaître vos propositions et vos engagements sur ce thème essentiel qu’est la santé des femmes.
Le Conseil National de l’Ordre des Sages-femmes

*Le conseil d'ordre des sages femmes  met l'accent sur le fait d'accoucher chez soi peut être dangereux mais si on le fait sans accompagnement .

Toutes les photos présentent sur cette page de blog sont la propriété exclusive de fanny,bio-logiquement-maman

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